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Le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) est une espèce de rongeurs de la famille des Cricetidae. Il se distingue de la forme aquatique de l'espèce voisine, le Campagnol terrestre (Arvicola amphibius), par un mode de vie très différent. Contrairement à la forme fouisseuse du Campagnol terrestre, ce campagnol aquatique ne présente pas de phases de pullulations, et du fait de ses faibles effectifs et de son mode de vie complètement lié à l'eau, ne cause jamais de dommages aux parcelles agricoles. Communément nommés « rat d'eau », ces deux campagnols de grande taille sont souvent confondus également avec les rats.

Autrefois commun sur les berges de tous les petits cours d'eau calmes et propres en Europe, cette espèce menacée de disparition est inscrite en 2008 comme vulnérable (VU) sur la liste rouge de l'UICN.

Cet animal est relativement discret (il supporte une apnée de plusieurs minutes), bien qu'étant actif de jour comme de nuit. C'est une espèce active toute l'année, qui se nourrit surtout dans l'eau et sur la berge.
Habitat : berges et cours d'eau, berges de zones humides.
Il creuse un terrier dans les berges avec une entrée immergée et une autre au-dessus du niveau de l'eau. Il construit parfois un nid dans les herbes de la berge.

Alimentation : essentiellement végétarien, il apprécie particulièrement les joncs, roseaux, graminées des berges, le cresson (racines et feuilles).. mais il ne dédaigne pas de manger quelques organismes aquatiques (invertébrés dont écrevisses, insectes, alevins, amphibiens) voire de goûter à l'occasion aux charognes localement présentes.

La maturité sexuelle est atteinte en un peu plus d'un mois. L'accouplement a lieu dans l'eau ou près de l'eau après que les membres du couple se sont poursuivis dans l'eau et sur la berge.
Les femelles mettent bas jusqu'à 5 portées de 2 à 7 petits par an (de mars à octobre), allaités par 8 mamelles après la naissance qui suit une gestation de 21 à 22 jours.

Cette espèce est encore localement présente en France, Espagne et au Portugal.
Indice de présence/absence : les traces de pas ressemblent beaucoup à celles du surmulot. Les crottes sont typiques (en dehors de la confusion avec celles du campagnol terrestre de forme aquatique) mais leur identification certaine nécessite une bonne connaissance de la part des observateurs, en raison de confusions courantes avec d'autres espèces. Elles sont fermes et en forme de noyau de datte, vertes (ou noires) quand elles sont fraiches, vert foncé puis brunes ensuite, et longues d'environ 1 cm. Elles sont disposées en « crottiers » où l'on trouve des crottes plus fraîches posées sur d'autres plus anciennes en train de se déliter sous l'action des passages répétés). La présence de crânes dans les pelotes de réjection de rapaces trouvées localement est un autre indice de présence. On le trouve aussi parfois empoisonné ou pris dans les pièges destinés aux rats musqués. Dans les mares riches en végétaux, des « traces » en « coulées aquatiques » convergentes vers son terrier et une eau plus trouble à l'entrée de ce dernier sont des indices, mais il peut aussi s'agir d'un rat musqué. Il mange sur des « réfectoires » (plateforme de végétaux accumulés) qui constituent un indice supplémentaire.

Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1908 par le zoologiste américain Gerrit Smith Miller, Jr (1869-1956).
Synonymes scientifiques :
Arvicola tenebricus Miller, 1908
Microtus musiniani Lataste, 1884

On lui connaît deux sous-espèces :
Arvicola sapidus tenebricus ; plus sombre à roussâtre (France, Nord de l'Espagne)
Arvicola sapidus sapidus ; plus clair et jaunâtre. C'est une espèce plus méridionale (Portugal et Sud de l'Espagne)

Les populations d'Arvicola sapidus sont dans une phase de déclin préoccupante. Il noté "vulnérable" sur les listes rouges mondiale et européenne de l'UICN (2012), "quasi-menacée" sur la liste rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine (2009).
Encore répandu sur de nombreuses rivières dans les années 1970, il a probablement subi une importante régression et semble même avoir disparu localement dans certains secteurs de son aire naturelle de répartition. C'est une espèce autrefois mal aimée, encore largement méconnue, qui malgré les alertes d'ONG ou de naturalistes n'a jamais pu mobiliser beaucoup de moyens.

Bien que ne posant pas de problèmes de déprédation, le campagnol amphibie a néanmoins été pourchassé, empoisonné, mangé... Il a souvent été tué ou repoussé par des travaux de rectification et d'artificialisation des berges, des travaux d'aménagement. Il est également victime des appâts empoisonnés destinés aux rats ou au rat musqué et au ragondin, deux espèces introduites et invasives qui, depuis les années 1920, ont également contribué à le chasser de son habitat. D'autres hypothèses peuvent expliquer les nombreuses disparitions locales ou régionales constatées depuis les années 1970-1980 : un entretien trop radical des berges, manque de véla, pression du vison d'Amérique introduit, pression des tirs visant à réguler les rats ou rats musqués (de loin, cet animal est facilement confondu avec d'autres rongeurs) et peut-être une sensibilité accrue aux épidémies en raison d'une exposition croissante à certains polluants (pesticides, perturbateurs endocriniens...).

Le campagnol amphibie bénéficie désormais d'un statut juridique en France. En 1996, il n'était pas évoqué dans le cadre du programme d’action pour la diversité biologique en France - faune et flore sauvage8 en France. Ce n'est qu'en 1993 que le Ministère de l'environnement l'a évoqué dans une plaquette sur les mammifères d'eau douce, notant qu'il était en fort recul, au profit du rat musqué des années 1970 aux années 1980.

Depuis 2008, une enquête nationale menée par la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM) est en cours afin de préciser l'état des populations de campagnol amphibie en France.
Des efforts ont été entrepris pour le sauver, dont une campagne d'information et de sensibilisation du public, des changements au niveau des travaux publics qui affectent son habitat et pour la préservation de son habitat, avec le soutien de certaines collectivités.
Fin 2013, sur le site du projet d'aéroport du Grand Ouest de Notre-Dame-des-Landes, l'arvicola sapidus est considéré comme le symbole des espèces à protéger dont la destruction sur le site était prévue en 2014.

L'espèce est protégée sur l'ensemble du territoire français.


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