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La Rance, vue par Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, 1903

« Il semble que l’on est épuisé l’admiration quand on a vu, du haut des remparts, les rochers de la rade, si petits à marée haute, grandir peu à peu, paraître se souder et former sur la mer un rideau de collines aux formes hardies, sur lesquelles les forts découpent leur silhouette. Mais la Rance est bien plus belle encore avec ses anses gracieuses, ses plages verdoyantes, ses rochers, ses flots, ses jolis villages au fond des golfes.
En quittant Dinard sur les beaux vapeurs de la Rance, on peut voir une fois encore les hautes murailles de Saint-Malo, pressant entre leur ceinture de granit les toits d’ardoise et la flèche de l’église ; puis voici plus vaste, plus à l’aise sur ses pentes vertes, la jeune cité de Saint-Servan, et l’on perd de vue la mer pour entrer dans le large fjord aux rives harmonieuses. Les cordons de villas ont disparu, mais les châteaux, assis dans de grands parcs, se mirent dans l’eau calme. A chaque instant une pointe de terre semble fermer le passage, aussitôt après apparaît un nouveau lac, bordé de collines et de hameaux riants. A mesure que l’on avance, le paysage d’agrandit, les collines se haussent. Après le grand bassin de Langrolay, la rivière se rétrécit au point de n’avoir plus que quelques mètres entre le port Saint-Jean et le port Saint-Hubert et soudain s’ouvre le dernier grand bassin de l’estuaire, dominé par le village de Pleudihen, aux toits bleus, serrés autour de son église. »
Voyage en France, Tome 5, Berger-Levrault, 1893-1921

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