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La forêt de Scissy ou forêt de Quokelunde est une forêt mythique qui aurait existé dans la baie du mont Saint-Michel avant sa destruction et son engloutissement par les eaux liés au raz de marée de mars 709. Elle aurait englobé les zones suivantes :

Saint-Pair-sur-Mer avec l’abbaye de Scissy.
Les trois monts :
Tombelaine
Le Mont Saint-Michel
Le Mont Dol

Dès après le raz de marée, Tombelaine et le Mont Saint-Michel auraient acquis leur caractère insulaire.

Il aurait existé un monument druidique sur le Mont-Saint-Michel, lié à la fertilité.

D'après le mythe, le nom des îles Chausey aurait la même racine que Scissy. Cependant, l'ancienne forme de Chausey est Calsoi (1022 - 1026), terme basé sur le germanique *-aujō « île » > -oi > -ey, finale par ailleurs semblable à celle des autres îles de la Manche, cf. Guernesey (Greneroi), Jersey (Gersoi) et Aurigny (Alneroi), précédé d'un élément cals- de signification obscure. Elle n'entretient, à l'évidence, pas de relation phonétique et sémantique avec Sessiacum.

Une autre dénomination de la forêt de Scissy comme « forêt de Quokelonde » est plus claire, car si Scissy peut s'expliquer par un nom de fundus gallo-romain sans rapport avec un élément forestier, l'appellatif toponymique -lunde renvoie directement au mot désignant la forêt en ancien normand (cf. la Londe, toponymes en -londe(s), issu du vieux norrois lundr > lunda). Il est précédé d'un premier élément Quoke- obscur que l'on retrouve peut-être dans Coquetot, hameau de l'Eure (composé avec l'appellatif -tot, d'origine norroise -topt). La présence d'un toponyme d'origine scandinave dans l'Avranchin, par ailleurs quasiment exempt de noms de lieux norrois, a intrigué les commentateurs. C'est Guillaume de Saint-Pair qui évoque la forest de Quokelunde dans son Roman du Mont-Saint-Michel, écrit vers 1155.

Le raz de marée de mars 709 se serait produit bien avant les premiers établissements vikings dans le Cotentin et il est difficile d'admettre que ce mythe se soit perpétué chez les Normands de souche scandinave avec un vocable de même origine. Il est donc plus vraisemblable de considérer qu'il existait bien une forêt dans la région et qu'elle n'ait pas été engloutie par un évènement naturel de cette importance.

Selon la légende chrétienne, l’épaisse forêt de Scissy aurait été un lieu de culte païen que le raz-de-marée aurait englouti dans le but de purifier la contrée.

Ce mythe est repris dans le Revelatio ecclesiae sancti Michaelis, rédigé au début du IXe, le mont Saint-Michel aurait été un mont en pleine terre entouré d’une épaisse forêt à l’époque où les premiers moines ermites s’y sont installés. C'est sur cette source que s'appuie l'abbé Manet, géographe du XVIIIe-XIXe siècle, pour élaborer sa thèse de la « fatale marée de mars 709 » qui aurait engloutit en une nuit la baie du Mont Saint-Michel.

Ce n’est qu’ensuite — le niveau de la mer augmentant — qu’il aurait acquis peu à peu son caractère insulaire.

Cette thèse a été invalidée de manière scientifique : d'abord par l'étude de ses sources et ensuite par celle des sols, cette dernière ne relevant aucune trace d'un raz-de-marée.

 

 

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